Il n’est jamais trop tard pour améliorer son cerveau. |
Dans « Une vie en plus », p.58, Dominique Simonnet pose la question suivante : « Faire de l’exercice est-il aussi un facteur de longévité ? ». Réponse de Joël de Rosnay : « Bien sûr ! L’exercice fabrique naturellement de l’hormone de croissance (à tous les âges) qui ralentit le vieillissement. Il augmente la vascularisation des muscles et accroît la transformation des graisses et des sucres en éléments utiles pour le corps, ce qui évite leur mise en réserve dans l’obésité. C’est donc un facteur de longévité que de pratiquer un exercice régulier, comme de la marche, du vélo, de la natation, du jogging lent (avec de bonnes chaussures !), de la gymnastique à la maison, des haltères. Ces sports-là ont un autre intérêt : ils créent une routine et sont hypnotiques. Ils nous placent dans un état propice à la méditation, donc font baisser le stress. »
Mais ce n’est pas tout : il semblerait, d’après des études très récentes, que l’exercice favoriserait également la croissance des neurones dans le cerveau, alors qu’on pensait généralement que ces cellules ne se divisaient plus au cours de la vie.
Faire de l’exercice, même après 60 ans, pourrait contribuer à rendre le cerveau plus performant ! Le Pr Fred Gage et ses collaborateurs du Salk Institute à San Diego en Californie, viennent de démontrer qu’il n’est jamais trop tard pour se faire du bien. Ces chercheurs ont découvert que des veilles souris sédentaires réussissaient mieux dans des tests cognitifs et bénéficiaient d’une croissance de nouveaux neurones, après qu’elles aient été entraînées à utiliser régulièrement une roue à l’intérieur de laquelle elles couraient à intervalles réguliers. Fred Gage et son équipe ont étudié 15 souris jeunes et 18 souris âgées, équivalentes en terme humain à des personnes de 70 ans. Des roues d’exercice ont été placées dans la cage de la moitié de cette population. L’autre moitié n’a eu aucune modification de son environnement. Au bout d’un mois, l’ensemble des souris a été testé pour leurs capacités cognitives, en utilisant des labyrinthes complexes dans lesquels la souris devait se souvenir de la position d’une plateforme submergée dans une eau trouble. Les souris âgées ayant pratiqué un exercice régulier retrouvaient la plateforme aussi rapidement que les jeunes souris. Mais l’autre moitié, celle des souris âgées, privées de la roue d’exercice, mettaient deux fois plus de temps à retrouver la plateforme. Plus tard, l’équipe du Salk Institute, découvrait que des nouveaux neurones avaient poussé dans le cerveau des souris sportives mais pas dans celui des souris inactives ! Il semblerait que l’exercice remette en route des processus de croissance de nouveaux neurones, sans doute à partir des cellules embryonnaires présentes dans le cerveau. Mais pour en être certain il faudra bloquer la genèse de ces nouveaux neurones chez les souris âgées pendant leur course et vérifier ensuite que les effets cognitifs et de mémorisation disparaissent eux aussi. Les expériences sont en cours et leurs résultats… très attendus !
Pour en savoir plus, suivre ces liens :
http://www.jneurosci.org/cgi/content/abstract/25/38/8680
http://www.hypeandhope.com/wt/page/index/it_1130519333
http://www.erudit.org/revue/ms/2002/v18/n11/000459ar.html
http://www.lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/histoire_bleu05.html
octobre 31, 2005 | Permalink | Commentaires (6) | TrackBack
Des puces électroniques implantées dans le corps : espoir ou crainte pour l’avenir ? |
Pour améliorer la longévité et accroître l’espérance de vie, la médecine de demain utilisera très probablement des puces implantées dans le corps permettant de corriger certains désordres de l’organisme. Par exemple des « pilules intelligentes » capable d’administrer un médicament à l’endroit et au moment voulu, ou des capteurs susceptibles de diagnostiquer des erreurs de fonctionnement de nos cellule.
Voici un extrait d’« une vie en
plus », chapître 3, P.79 : « De plus en plus, nous
disposerons de puces minuscules implantées, de biocapteurs, et de réservoirs
miniatures, constituant des sortes de mini-organes électroniques capables de
traiter un nombre croissant d’affections. »
Afin de mieux comprendre comment de telles puces fonctionneront et pourquoi elles permettront également d’envoyer des informations vers l’environnement afin d’assurer le suivi médical de personnes
à risques, voici une petite animation de 4 minutes réalisée à la Cité des
Sciences et de l’Industrie pour l’exposition « l’Homme transformé ».
octobre 25, 2005 | Permalink | Commentaires (3) | TrackBack
L’espérance de vie franchit le seuil de 80 ans |
L'espérance de vie continue de s'allonger en France, comme l'indique cette étude de l'INED (Institut National d'Etudes Démographiques).
La moyenne de la durée de vie pour les hommes et les femmes est désormais de 80 ans. L'intrêt de cet article est replacer ces évolutions dans la durée.
http://www.lemarchedesseniors.com/
octobre 24, 2005 | Permalink | Commentaires (7) | TrackBack
Les bienfaits du jus de grenade pour la santé |
De nombreux lecteurs de " Une vie en plus " s'intéressent aux vertus du jus de grenade décrites dans le livre et dont voici un extrait (p.49) :
" On vient aussi de découvrir que le jus de grenade, ou " fruit des Dieux ", boisson utilisée depuis des millénaires en Iran, réduirait sensiblement l'hypertension (en agissant directement sur l'enzyme de conversion qui transforme l'angiotensine I en angiotensine II, l'une des principales cause de l'hypertension artérielle)."
Voici quelques liens qui décrivent les bienfaits du jus de grenade (Pomegranate juice en anglais) et comment s'en procurer.
Jus de grenade et hypertension :
http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=2005030203
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=PubMed&list_uids=15158307&dopt=Citation
Jus de grenade et cancer de la prostate
http://www.e-sante.fr/fr/magazine_sante/sante_hommes/Contre_cancer_prostate_grenade-9180-422-art.htm
http://bienetre.nouvelobs.com/Site/Actu.asp?ID=3610&Rub=Nutrition
http://www.msnbc.msn.com/id/9506038/
http://www.medicinenet.com/script/main/art.asp?articlekey=53526
http://www.i-dietetique.com/?action=breves&id=2419
Voir aussi : Le Quotidien du médecin, n° 7713, 22 mars 2005. Article : Filomena de Nigris et al., " Beneficial effects of pomegranate juice on oxidation-sensitive genes and endothelial nitric oxide synthase activity at sites of perturbed shear stress ", PNAS, 2005 (102) 4896-4901]
La grande question est : où trouve-t-on du jus de grenade ?
Il n'est pas très facile de presser soi-même son jus à partir d'une grenade entière ! (Ce sont les petites graines à l'intérieur qui renferment le jus). Il vaut donc mieux l'acheter.
A Paris, la meilleure source de jus de grenade est le magasin Pétrossian, 18 Boulevard de la Tour Maubourg, 75007, au croisement du boulevard et de la rue de l'Université. Il faut demander du " Yablok ". Il s'agit de jus de grenade pur en bouteilles de verre, sans sucre, colorants ou produits ajoutés. On peut le commander par téléphone au 01 44 11 32 32, ou par Internet (www.petrossian.fr).
Plus récemment, une nouvelle marque a fait apparition dans les magasins bio : www.organicbloom.fr.Les autres sources en France sont généralement les magasins de produits iraniens, car le jus de grenade est une boisson traditionnelle en Iran. A Paris on peut en trouver dans les magasins iraniens de la rue des Entrepreneurs dans le 15ème. (par exemple chez Sapide, 62 ter rue des Entrepreneurs, 75015, Paris. Tel : 01 45 78 13 24.) "Ce jus de grenade est vendu en briques importées directement de la société Takdaneh en Iran. L’inconvénient est que ce jus, fait à base de concentré, est trop sucré et qu’il n’a pas l’excellent goût du « Yablok » de Pétrossian."
Grâce à Internet, il existe désormais une nouvelle et excellente source de jus de grenade. Ce jus est très naturel, sans additifs. Il vient d'Arménie sous le nom de Noyan. Il est disponible en packs de un litre. Consultez les sites suivants : www.easysante.com et www.jus-grenade.com pour vous le procurer.
octobre 17, 2005 | Permalink | Commentaires (47) | TrackBack
Pour en savoir plus sur la Juvenon Formula. |
L'équipe de chercheurs, dirigée par Bruce Ames, a trouvé le régulateur idéal de la mitochondrie, un acide aminé naturel l'acétyl-L-carnitine (Alcar) et un puissant antioxydant, également naturel, l'acide R-alpha-lipoïque. En combinant les deux, on stimule la mitochondrie et en même temps on réduit considérablement le stress oxydatif.
Résultat : des rats de quatre ans incapables de mémoriser un labyrinthe ou d'avoir suffisamment d'énergie pour faire tourner une cage et à qui on administre le cocktail de Bruce Ames, retrouvent la jeunesse, la vigueur et la mémoire de rats de six mois.
La publication de l'équipe Ames dans les PNAS (Proceeding of the National Academy of Sciences US) a créé un intérêt considérable dans de nombreux laboratoires. Des essais sont en cours chez l'homme. Les deux produits se trouvent dans tous les " health shops " ou sur Internet.
Pour promouvoir sa découverte, Bruce Ames a créé une " start-up ", Juvenon. Mais pour montrer son désintéressement, il a fait don de toutes ses actions à une fondation finançant des recherches sur le vieillissement. On peut se procurer la Juvenon formula en envoyant un mail à la société.
octobre 13, 2005 | Permalink | Commentaires (54)
Une Vie en Plus par Dominique Simonnet |
C’est un fabuleux cadeau que nous venons de recevoir : une vie en plus ! Quinze à vingt années de bonus, bientôt davantage, offertes aux populations des pays aisés de cette planète. Mieux : nous pouvons consommer ce supplément d’existence en bonne santé, et même en pleine forme.
Autant le dire avec solennité : c’est bien d’une révolution dont nous allons parler ici, une vraie, l’une de celles qui bouleversent durablement notre corps, nos comportements, notre manière de penser, mais aussi les équilibres de notre société, le futur de nos enfants et de leurs descendants. Un changement majeur dans notre histoire qui nous concerne tous, directement, quel que soit notre âge.
La révolution de la longévité a débuté sans que nous ayons vraiment conscience, au fil de ces dernières décennies, par adjonctions successives, une petite année par ici, une autre par là... Les avancées fulgurantes de la science et de la médecine maîtrisant des maladies jusque-là rebelles, les modifications sensibles de nos modes de vie et de notre alimentation, l’attention accrue portée à notre environnement… Tous ces progrès, difficiles à percevoir dans leur ensemble, ont eu pour premier effet d’allonger substantiellement notre espérance de vie. Il y a un siècle, celle d’un Français atteignait à peine 49 ans. Nous voilà arrivés en France à 84 ans pour les femmes, 77 ans pour les hommes. Ce ne sont que des moyennes. Et ce n’est pas fini. Nous continuons d’encaisser une année supplémentaire tous les quatre ans ! Faites les comptes, et vous regarderez d’un autre œil les bébés qui naissent aujourd’hui : un sur deux deviendra centenaire.
Ce n’est pas seulement notre vie qui se prolonge. C’est notre vitalité. Jusqu’à présent, notre existence était découpée en trois tranches : l’enfance (le temps du développement), l’âge adulte (le temps de l’activité), la vieillesse (le temps du déclin). Il y a peu, on avait ajouté l’adolescence, première période intermédiaire comme on dit de la chronologie égyptienne. Voici que l’on vient de découvrir une autre période de transition, un nouvel âge entre maturité et sénescence, de 60 à 75 ans : une seconde adolescence, peut-être aussi agitée que la précédente.
Ce nouvel âge a ses pionniers, les sexagénaires et les septuagénaires, dont certains, de leur voyage, nous rapportent d’étranges récits : « Surprise ! nous disent-ils. Nous ne nous sommes pas vieux ! Nous ne nous sentons même pas âgés ! ». Ils jouent de leur vigueur et se lovent dans leur insouciance retrouvée. Ainsi voit-on désormais des légions de touristes grisonnants sillonner la planète et jouir de leur retraite prolongée. Oisifs et rentiers. C’est l’âge d’or des seniors.
Bonne nouvelle pour l’individu, catastrophe pour la société. Car ces joyeux papys et mamies sont en train de pulvériser les fragiles équilibres sociaux et économiques établis entre générations et de provoquer une crise sans précédent. La longévité, ce beau cadeau, est une bombe à retardement. Elle est sur le point d’exploser… C’est cette révolution paradoxale, engagée sur trois fronts, que nous racontons dans Une Vie en Plus.
On le verra, les auteurs sont unanimes : oui, il est possible de concilier les aspirations individuelles et les contraintes de la collectivité. Oui, nous pouvons faire en sorte qu’au lieu de creuser de nouvelles inégalités, la longévité profite à tous, et participe au vrai progrès, celui du bonheur de l’homme. Encore faut-il le vouloir. C’est donc bien à une révolution fondamentale des esprits que nous appelons ici.
La longévité, pour quoi faire ? Pourquoi ce temps supplémentaire gagné entre deux néants ? A quoi bon repousser l’échéance ? Peut-être pour faire un ultime pied de nez à la nature ennemie que nous portons en nous, avant que de lui céder, toutes armes rendues. Peut-être pour gagner en sagesse, pour nous civiliser davantage (la route est encore longue). Ce cadeau-là en tout cas, il nous faudra lui donner un sens, et apprendre à le partager. C’est aussi un nouveau et beau défi lancé à la démocratie. Longue et bonne vie à chacun, et à tous.
Dominique Simonnet
octobre 11, 2005 | Permalink | Commentaires (5) | TrackBack
Démocratiser la longévité |
Dominique Simonnet : Les points de vue évoqués dans ce livre sont ceux d’hommes privilégiés, vivants dans une société qui, si elle est en train de s’engager dans une crise majeure, n’en est pas moins l’une des plus prospères de cette petite planète.
Joël de Rosnay : Nous n’avons pas la prétention de proposer un modèle applicable à tous. Nous n’avons fait ici que décrire les grandes tendances, scientifiques, psychologiques, économiques, et sociales auxquelles nous allons être soumis, de manière à ce qu’elles soient prises en compte par les gouvernants et les individus, et notamment par les jeunes.
Jean-Louis Servan-Schreiber : L’essentiel est de susciter une prise de conscience chez les individus. Même si on n’arrive pas à changer les politiques, chacun peut au moins agir personnellement.
François de Closets : Nous sommes tous les trois gâtés par les hasards de l’existence... Mais nous ne cédons pas à l’autosatisfaction, bien au contraire : nous proclamons ici que ce bonheur que nous découvrons en arrivant dans la soixantaine, devrait être accessible aux autres. Nombre de personnes ne profitent pas de leur « vie en plus » car ils ne savent pas comment la conduire.
J. d. R : En tant que scientifique, je prévois que les nouvelles découvertes déboucheront sur des applications dont la mise en œuvre sera de plus en plus probable. La longévité deviendra donc une donnée incontournable pour l’humanité. C’est pourquoi il est grand temps, me semble-t-il, d’ouvrir en France, et bien sûr dans toute l’Europe, un vaste débat public largement médiatisé, sur ses enjeux économiques, politiques et sociaux.
D.S. : Nous sommes d’accord sur le constat : la longévité va s’imposer, nous vivrons plus longtemps et en meilleure santé. Mais, on peut se demander si cette course à l’allongement de la vie est vraiment souhaitable pour l’individu.
J. d. R : Vouloir vivre longtemps et y être prêt, pourrait s’inscrire comme un nouveau droit de l’homme. Mais la longévité renvoie inévitablement à la question de sa propre mort. A un certain moment, on aura le désir d’arrêter. Qui décidera ? Qui le fera ?
F.d.C. : De même que la science et la médecine permettent de prolonger le troisième âge, en offrant des années de pleine vie, elles peuvent prolonger le quatrième, mais cette fois par une surconsommation médicale effrénée. Comme le dit la récente loi sur le laisser-mourir, qui est une vraie révolution médicale, c’est à l’individu de dire « Stop ! Je ne veux plus qu’on me prolonge ! Mais il y a deux décisions très différentes : « Je ne veux plus qu’on me prolonge » en est une, qui commence à être acceptée. « Je décide d’arrêter » en est une autre.
J.L.S.S : Ce qui pose une question philosophique fondamentale et nouvelle : celui du suicide raisonnable, comme un ultime destin. Qu’est-ce qui nous scandalise dans la mort de quelqu’un ? C’est qu’il meurt à contre-propos. La disparition d’un être jeune est toujours bouleversante ; on accepte plus facilement celle d’un vieux très diminué, que l’on ressent comme un aboutissement normal. Mais nous voilà maintenant face à ce nouveau dilemme : je suis encore en bonne santé et lucide, mais je préfère m’arrêter avant que cela devienne pénible pour moi et pour les autres. La réponse ne peut qu’être individuelle.
D.S. : Nous l’ avons dit au tout début du livre : excepté quelques illuminés, personne ne croit sérieusement à l’immortalité, et nous acceptons tous, bon gré mal gré, l’idée qu’il nous faudra un jour disparaître. Mais ne sommes-nous pas en train de cultiver une autre utopie : la fin de la vieillesse
J.d.R. :. On peut imaginer que, bientôt, 90% des gens seront vivants à 90 ans. Le défi est de prolonger non pas tant la vieillesse que la jeunesse, de faire en sorte que les personnes âgées puissent apporter de la valeur ajoutée à la société. Au lieu de les exclure du monde actif comme on le fait aujourd’hui, il faudrait au contraire les intégrer. On ne peut pas inventer et créer le futur si on le coupe de ses racines.
F.d.C. : Il est probable que les progrès extraordinaires de la science nous feront survivre par organes artificiels et assistances de toutes sortes pendant des mois et des années. Inconsciemment, nous avons instauré non seulement le droit, mais le devoir de consommation médicale : nous devons nous soigner, nous faire opérer, nous entretenir. Dans cet esprit, nous exigerons que la médecine nous prolonge. Respecter le droit de chacun de se laisser mourir suppose donc une véritable révolution culturelle
J. d. R. : Il est donc important de décider où on investit : investir en amont dans l’éducation, apprendre aux gens à adopter un mode de vie équilibrée, grâce notamment aux conseils et à l’exemple des parents, surtout des femmes ayant reçu une solide éducation.
J. L. S. S. : Mais il faut commencer au sein de la famille et à l’école, dès l’enseignement primaire, en proposant aux enfants des notions telles que la gestion de son corps, l’image de soi et le regard sur les autres, la nécessité de communiquer, un ensemble de règles simples et peu coûteuses qui permettent d’améliorer facilement son mode de vie. On peut espérer former des individus capables de penser leur vie, et donc de penser leur mort.
J. d. R. : Il s’agit en effet, nous l’avons répété dans ce livre, de gérer sa vie dans la durée. Cela revient à se fixer des priorités, à privilégier des périodes, des activités qui ont de la valeur pour nous. Nous devrions considérer notre vie comme une œuvre à réaliser. Une grande et belle création personnelle.
D.S. : Nous allons donc vers une société de plus en plus âgée, chargée d’expériences et d’histoires. Après le terrorisme du jeunisme qui sévit aujourd’hui, on risque de voir l’avènement d’une dictature des seniors.
J. d. R. : On peut en effet redouter, dans les pays industrialisés, une fracture entre des vieux riches et puissants qui résistent au changement et s’arc-boutent sur leur capital et leurs intérêts, des vieux « classiques » maintenus en état de « vieillissement suspendu » par les prothèses médicales, et des jeunes écrasés par le poids des charges, qui verront leur influence diminuer. Certains pays en développement, qui n’ont pas devant eux cette barrière du vieillissement, émergeront peut-être et deviendront les innovateurs et les créateurs de la société de demain.
F.d.C. : Parmi les bombes que nous laissons s’accumuler il y en a une, destructrice : celle du pouvoir. Le pouvoir politique appartient aux gens qui ont du temps, c’est pourquoi il est actuellement entre les mains des fonctionnaires. Demain, il sera accaparé par la classe des retraités, qui n’a rien d’autre à faire et qui va pressurer la classe active.
J. d. R : Cependant, je crois que notre pays possède une forme de sensibilité intuitive de toutes ces grandes questions qui s’exprime par un mal-être existentiel. La « bombe Longévité », dont nous parlons dans ce livre, serait peut-être l’un des aspects ou l’un des révélateurs de ce grand malaise existentiel.
D.S. : Il est important de dire et répéter que même s’il y a actuellement un antagonisme grave entre les aspirations individuelles et les réalités de la société, il n’y a pas incompatibilité. Avec un peu de bon sens et d’intelligence, on peut les réconcilier. En un mot, une société de longévité heureuse est possible. A nous de l’inventer.
J.d.R. : On peut penser qu’il existe dans l’humanité des ressorts invisibles de survie et de développement, fondés sur des valeurs implicites, que les grandes religions ont d’ailleurs propagées. C’est bien notre société toute entière et notre avenir que nous remettons en cause en nous interrogeant sur la longévité et la mort. Nous avons maintenant l’occasion de reconstruire une société où on vivra plus longtemps et peut-être, si nous le voulons, en meilleure harmonie les uns avec les autres. C’est un beau défi, non ?
J.L.S.S. : On sait que, dans l’Histoire, les vraies transformations de la société ne sont que les résultantes des changements individuels : ceux-ci s’accumulent et finissent par imposer une nouvelle vision. Le seul moyen de maîtriser les contradictions que nous évoquons dans ce livre, entre l’envie individuelle de longévité et les conséquences sur la collectivité, c’est en effet la formation des esprits, l’éveil d’une prise de conscience de chacun. Cela mettra du temps, une ou deux générations, peut-être… Mais nous n’avons pas d’autres choix.
F.d.C. : Je veux aussi considérer les choses sous un angle positif. Nos avons une chance inouïe : une crise qui naît du « plus », un troisième âge qui vient s’intercaler entre maturité et vieillesse. Une aubaine, pour autant que nous sachions en profiter. Ce « plus » nous oblige à être intelligent. Il y a deux réalités sans lesquelles on ne peut construire une société : le travail et la mort. A nous de construire une société qui intègre cette double réalité. En fait, la philosophie de ce livre est simple : il faut compter sur vous pour vous en sortir ; mais vous ne vous en sortirez pas tout seul. Je ne veux pas croire que nous n’arriverons pas à relever ce défi. Alors, nous l’aurons bien mérité, notre vie en plus !
octobre 10, 2005 | Permalink | Commentaires (2) | TrackBack
A partir d’un coup de fil… |
Ce livre est une belle histoire. Il y a quelques années, j’avais eu le plaisir de raconter avec Hubert Reeves, Joël de Rosnay et Yves Coppens, « La Plus Belle Histoire du Monde » (également aux éditions du Seuil) : pour la première fois, trois grands spécialistes – de l’univers, de la vie, de l’homme – se passaient le relais pour raconter dans sa continuité la même épopée - celle de la complexité - et donner, du Big Bang à aujourd’hui, une vision synthétique de nos origines.
Plus d’une fois, nous avions songé, Joël de Rosnay et moi, à tenter une nouvelle aventure. Un jour, Joël de Rosnay m’a appelé d’un aéroport, avec son enthousiasme électrique habituel. Il était question de longévité, et à l’entendre, quelque chose de majeur était en train de se préparer. Rendez-vous fut pris pour un dîner à quatre, avec Jean-Louis Servan-Schreiber et François de Closets. Ce soir-là, nous en sommes tous convenus : il y avait à l’évidence un livre à faire… Nous nous sommes fixés quelques impératifs simples : parler avec sincérité, ne pas éviter les questions qui fâchent, nous adresser en termes accessibles à tous…
Trois hommes au seuil de ce nouvel âge, qui en sont à la fois les pionniers et les experts, et un interlocuteur curieux qui fait profession de fausse naïveté. Sur la base de nos conversations régulières enregistrées, j’ai rédigé petit à petit notre dialogue, soumis les textes à mes interlocuteurs… Le livre est né, rapidement, comme une évidence. Est-ce utile de préciser que nous avons entrepris tous les quatre ce voyage dans une bonne humeur et une confiance jamais démenties ?
Dominique Simonnet
octobre 9, 2005 dans Pourquoi nous avons écrit "une vie en plus" | Permalink | Commentaires (8) | TrackBack
La rédaction du livre par François de Closets |
Joël de Rosnay est contemporain du futur. Il ne regarde le présent que dans la continuité des années. 2005, c’est le bourgeon de 2010, la graine de 2020. Et cette vision sur le long terme révèle ce que l’on a sous les yeux et que, pourtant, on ne voit pas. La longévité par exemple. Je n’y avais prêté qu’une attention distraite. Les hommes vivent de plus en plus longtemps, c’est comme ça, que dire de plus ?
Mais, quand on prend conscience que nos petits-enfants ne seront vieux qu’à 85 ans, alors on est bien obligé de s’interroger. Pas seulement sur ce qui va se passer, mais sur ce qui se passe déjà aujourd’hui. Avons-nous pris conscience de la révolution en cours ? Certainement pas. On ne voit jamais ce qui se passe sous nos yeux. Hier il y avait les « petits vieux », aujourd’hui les seniors. On ne les a pas vu venir. Incroyable ! Une nouvelle classe d’âge apparaît et, parce qu’elle n’arrive pas du jour au lendemain, elle passe inaperçue. Nous n’avons pas compris que les nouveaux « vieux » sont « jeunes ». Et ils ne posent problèmes qu’au moment de payer les retraites. C’est manifestement insuffisant.
Joël de Rosnay nous donnait la dimension biologique, les découvertes présentes et à venir, les secrets de longévité. Mais que se passe-t-il dans la tête de ces sexagénaires que l’on dit vieux et qui se sentent jeunes ? Comment aménager cette nouvelle vie libérée du travail et en pleine santé ? Autant de questions qui, tout naturellement, nous orientent sur Jean-Louis Servan-Schreiber. La construction de sa vie, la maîtrise de son existence, c’est son obsession depuis toujours. Et, en prime, ce n’est pas un gourou, rien qu’en esprit dévoré de curiosité.
Mon métier de journaliste scientifique m’a tout naturellement conduit à m’interroger sur les conséquences de la science. Le progrès comme l’on dit. Dès 1970, j’avais publié « En danger de progrès ». Quels étaient donc ces dangers ? Ils résidaient dans les effets secondaires. Les découvertes scientifiques sont en général bénéfiques. Mais elles sont aussi perturbatrices. Or l’on ne prévoit jamais à l’avance ces perturbations. Et quand on les constate a posteriori elles se révèlent très défavorables. Ce schéma s’est mille fois reproduit. Tous les drames de l’environnement en sont la conséquence.
Et, en parlant avec Joël et Jean-Louis, je me suis rendu compte que nous étions tombés dans le même panneau avec la longévité. Nous n’avions rien vu venir et, dans l’euphorie d’une jeunesse prolongée, nous préparions une véritable bombe sociale.
Nous étions complètement fourvoyés en traitant la question de la retraite comme un problème social, en réalité il s’agissait, une fois de plus, d’une ruse du progrès. On n’en sortirait pas sans repartir de la réalité. Il fallait repenser la longévité, les seniors et la retraite afin que ce cadeau merveilleux ne tourne pas au cauchemar.
Ainsi dans nos conversations, nous découvrions que chacun d’entre
nous apportait une vision différente d’une même réalité. Visions
différentes mais complémentaires jugea Dominique Simonnet avec sa
grande habitudes des trios si bien maîtrisée dans ses « Plus belles
histoires de… ».
J’avais trop parlé, il ne me restait plus qu’à
travailler pour voir si mon intuition première pouvait être confirmée.
J’ai lu, j’ai consulté, j’ai cherché et, de tous côtés, la confirmation
m’est venue que c’est bien ainsi que se posait la question. Quant à en
tirer toutes les conséquences ? Ce sera au lecteur d’abord, aux
gouvernements ensuite de poursuivre cette réflexion et de s’armer pour
jouir pleinement de sa vie en plus.
octobre 7, 2005 | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack
Motivation d’un auteur par Joël de Rosnay |
J’ai toujours été passionné par l’équilibre de vie et la gestion du corps.
Avec mon épouse Stella nous avons écrit « La Malbouffe » qui traitait de nutrition équilibrée. Après ce livre, j’ai continué à m’intéresser aux problèmes de santé et de longévité et j’ai commencé à rassembler une importante bibliographie.
Un autre évènement m’a conduit à co-écrire « Une vie en plus » : en 1996, j’ai contribué à l’écriture d’un livre collectif avec Yves Coppens et Hubert Reeves, interviewés par Dominique Simonnet. C’était « La plus belle histoire du monde », sur l’origine de l’univers, de la vie et de l’homme.
Ce fut un succès, par la forme et la présentation : des récits entrecoupés de questions. L’idée me vint de proposer à Jean-Louis Servan-Schreiber et à François de Closets, deux amis de longue date, de reconduire cette formule d’interviews et de récits sur une thèse chère à tous trois : la longévité, ses aspects scientifiques, psychologiques et sociologiques. Nous sommes, évidemment, à nouveau interviewés par Dominique Simonnet qui a démontré ses qualités de co-rédacteur et d’interprète de nos réflexions.
Ce livre est né dans un aéroport, à la suite de deux ou trois appels téléphoniques afin de mobiliser mes amis autour de cette proposition : participer chacun à la rédaction de la partie qui l’intéressait le plus. Leur accueil fut enthousiaste. Le livre est la concrétisation de cet accord.
Aussitôt, Dominique Simonnet s’est mis à l’œuvre. Il nous a semblé que nos approches étaient complémentaires et celui-ci, avec sa rigueur, son humour et parfois son ironie, a su les restituer avec fidélité.
Joël de Rosnay
octobre 6, 2005 dans Pourquoi nous avons écrit "une vie en plus" | Permalink | Commentaires (5) | TrackBack